ΠΟΙΗΣΗ ΣΤΗΝ ΓΑΛΛΙΚΗ ΓΛΩΣΣΑ

POESIE EN LANGUE FRANÇAISE

FRANSIZ DİLİNDE ŞİİRLER


Vertige divin


Ainsi dans mon chagrin

qui s'aveugle sans cesse,

je m'enivre en ragoûtant

ma cruelle tristesse.


Je me soûle de cette vie

qui se roule dans mes larmes,

qui vertige dans le deuil

et dévoile tout son charme.


Oui, j'ai faim, oui, j'ai soif

du divin qui m'octroie

qui m'arrache des chimères,

me concasse et me broie.


Raisonnable plus qu'un ange

comme venu d'outre-tombe,

de l'humaine comédie,

de la sieste d'une bombe.


Assez vu, assez eu

de sophismes, de folies,

de rumeurs, de visions,

d'incidents, de phobies.


Grec errant, idolâtre

sans dédains, je m'évade,

exténué, harassé

d'une divine promenade.



Poème extrait de mon recueil ALCOOL DE GENTIANE
ISBN : 960-630-040-4 Athènes-2004


Autour de moi tout montre nuit et obscurité !
Et à partir des demains, qui s'annoncent
je n'attends absolument rien.


SANS EFFORT


Entre ces étranges quatre murs,
un doux silence murmure.
Tristesse, angoisse, souffrance,
une ombre vacille et danse.

Tout pâlit, tout s'enfuit,
tout tournoie, tout surgit.
Face au ciel enlacé,
face aux humbles pensées.

Je me meurs en secret,
implorant les décrets
d'une grâce Divine
qui m'enfouit ses épines.

Pourquoi triste dans le noir,
dans l'extase du savoir?
Pourquoi triste, ô, mon âme,
d'un moi-même qui me blâme?

Je m'arrache comme une feuille
et me pousse vers le deuil.
Puis, je vole sur les vers
à travers mes chimères.

Mon esprit est amer
et me vole ce qui m'est cher.
Je me glisse sans effroi
et ne sais le pourquoi.

Plein de larmes et sans cris,
j'ai souffert, j'ai écrit
les blessures de mon cœur
pour sauver toute ma peur.

Inconscient, débauché
des remords, des péchés,
j'ai vécu sans savoir
dans ce grand désespoir.

Exalté des horreurs,
à travers mes erreurs,
je vais certes vers la mort
sans un souffle, sans effort.



Jean Ioannis Bozikis
Liqueur d'anges (ISBN:978-960-930094-0)


Sur la neige


Sur la neige un sourire néant

et trop peu de silence.

Comme est pur le blanc ancestral

souverain pour toujours.

Ecoute! Ici, la brise tremble sur l'herbe

si tranquille dans l'hiver.

Ailleurs une poussière incertaine

excite les espaces chrysanthèmes fanées.

Et là bas, la mémoire prisonnière des racines

creuse le reste de l'exode.

J'ai déjà déposé ma solitude

sur les blanches pierres des morts.

Pacifié dans les murmures des souvenirs

je descends pour respirer le vide.

Regarde! Comme est pur sur l'herbe le blanc

entre lune et mer

et entre Ciel Jérusalem et prière!




Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Le partage de l'Univers


Mon soleil tourmenté décline
dit sagement le bon Dieu.
Je suis bloqué sur une colline
et l'homme a occupé mes cieux.

Il m'a causé tant de peines
et m'a poignardé dans le cœur.
J'ai pris la vie en haine
et me manque le goût du bonheur.

Désormais sur cette terre
ma route est incertaine.
L'homme m'a déclaré la guerre
et je rêve à une fuite lointaine.

Pourtant je garde mon secret
pour que nul ne le pénètre,
je suis de nature très concret,
je suis Dieu le Grand Maître.

Et s'il faut partager cet espace
je lui offre tout entier l'Univers
en gardant pour ma part une place
où subsistent mes poèmes et mes vers.

Qu'il s'installe dans mon ciel
sur une belle terrasse
pour y jouir l'essentiel
et se mettre à ma place.

Petit dieu qu'il veut être
pour toujours éphémère il sera.
Dans ce ciel auguste peut-être
son séjour printanier finira.

Qu'il domine Andromède
ou Sirius, je ne sais quoi,
à sa mort il sera sans remède
momifié et tout pâle comme un roi.

Et s'il pense gouverner sans rival
les humains verrouillés en décombre,
pour autant je serai sans trop de mal
le blasphème, l'anathème de son ombre.

Quoiqu'il soit, je réserve le grand vide
pour loger mes poètes somnambules
qui n'y sont ni hideux, ni avides
comme ces êtres petits dieux, ridicules.



Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN : 960-630-040-4 (Athènes-2004)

                                                                        Dédié à la belle petite ville de ma jeunesse universitaire (1973-1979)


Besançon petite ville


Je te salue Besançon petite ville par le Doubs embouclée

comme une écharpe grise sur le coup d'une colombe enroulée.

Besançon jolie ville de la France aux mille et une vertus,

abondante de charmes éternels et de finesses pointues.


Besançon, aux ruelles étroites couleur ombre que j'explore

sous la lueur matinale argentée étendue de l'aurore.

Aux maisons de pierre et aux toitures rongées par l'hiver,

attaquées par la rouille qui frappe durement le fer.


Capitale de la Franche-Comté où ton ciel toujours pleure

et les rayons d'hiver oublient presque tes belles demeures.

Aux murs gris couverts par l'épaisse mousse

où glisse une pluie pointilliste à allure triste et douce.


Ville de ferveur religieuse, autant noble que fière

qui abonde en vie et en gens pleins de cœurs et sincères.

Entourée de paysages qui défilent toujours dans mes yeux

et d'eaux fluviales qui glissent sous tes ponts à air silencieux.


Petite Ville paisible, pour une vie comme la mienne tourmentée

qui ne peut rester insouciante dans ta pudeur enclavée.

Lieu saint, cénotaphe de mon passé fertile où j'ai connu ton charme,

sous un ruissèlement du Doubs à cadence naïve et calme.


Amoureuse fille de ma jeunesse de vingt ans, eau vive calme,

fontaine divine que ma conscience dévastée à ce jour réclame.

Jeune dame universelle dont je garderai les plus beaux souvenirs,

les rêves, les soucis, les aigreurs, les chagrins, les soupirs.




Poème extrait de mon recueil Rıres des Sages
ISBN:960 - 630 - 040- 4 (Athènes-2004)


Au cri du hibou


Mon esprit inquiet

ne supportera jamais

l'inconnu silence

qu'humblement

nous autres masquons.


Visage effacé


Et me voici, au bord de la terre
où gémissent les lointaines sirènes,
où bouillonnent les écumes de la mer
et bondissent des mouettes sereines.

J'arpente, plus qu'une fois cette rive déserte,
comme errant d'une grâce divine,
ignorant, sans cacher l'ignorance secrète,
face à face, vers une route chagrine.

Et tandis que s'apaise ma conscience,
étranger à moi-même, silencieux et confus,
sans mépris de ma propre déchéance,
je me tiens près de moi, immobile, éperdu.

Est-ce toi, cœur dans cette nuit si ardente
qui m'emmène vers le noir de l'abîme
et m'entraîne dans le gouffre, me tourmente
vers le fond des ténèbres, vers une route sans cimes?



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Vagabond du bon temps


Amis, je n'ai pas eu le temps de me voir vieillir
dans ce tourbillon où j'ai vécu une longue vie.
Je n'ai pas eu de mots d'amour qui me feront surgir,
d'une nuit forte béante, vers le chant d'une autre vie.

J'errais parmi les brumes, inconnu et paisible,
aveugle comme la nuit, aveugle j'ai cru vivre.
Je n'ai compris, ni mesuré ce monde qui m'est pénible,
accablé et craintif, je voguais fort bien ivre.

Et me voilà, face à face à mes songes, impuissant,
serré l'un contre l'autre, misérable pour longtemps.
Triste, comme ce guerrier étendu et pourtant fort puissant,
fou dans mon cœur enfoncé, vagabond du bon temps.



Poème extrait de mon recueil Liqueur d'Anges
ISBN : 978-960-930094-0 (Athènes-2007)

      

      Rires des sages ou rires des poètes ? Qu'importe. Les poètes ont leurs mots à dire et leurs missions consistent à appeler les choses par leurs noms. Ils savent extraire les vérités les plus individuelles. Et je pense que la poésie est la réponse la plus exacte qu'une personne peut se donner aux questions que lui pose le monde où il vit. Comme poète Dieu me tente. Mais, je ne peux pas l'accepter comme tel. Je l'imagine à ma façon. Je le crée selon mes limites matérielles et spirituelles. Je me mets à sa place pour mieux le comprendre. Pour autant je ne suis pas son obstacle. Loin des dogmes et des religions, je suis toujours croyant ou plutôt, un étrange croyant d'un Dieu infiniment étrange.



Cherchant son âme


Aux grands pleurs du ciel
Dieu absent, effrayé
et peut-être yeux d'enfant qui se taisent.
Un oiseau libertin
dérobe ses divins secrets,
l'hypothèse rumeur qui s'esquisse
et révèle le dernier de ses rêves.
- J'aurais aimé Dieu tempête sage,
souverain sous sa peau de légende,
soir rêveur ou poème lumière
qui ose respirer à plein poumons
comme le chant des fougères.
Et surtout vieil Homère
sans sa gorge serrée.


Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN:978-960-92580-3-6 (Athènes -Grèce)

Le cantique de l'eau


Miraculeux le bruit de l'eau vive
qui s'échappe des profondeurs minérales
et s'émeut toujours comme joie régulière d'âme.
Miraculeux l'oiseau qui boit à cris de mille becs
et qui après chaque gorgée lève la tête
pour remercier la plénitude du ciel.
Miraculeux les troupeaux qui naseaux secs
à coups de sabots, de griffes et de peines
transmettent leurs empreintes
dans la mémoire ouverte et vaste des gouttes.
Miraculeux l'arbre, l'épi de blé et le trèfle
qui dignes et fiers réclament
la fraîcheur ardente des racines.
Miraculeux aussi l'enfant
aux yeux couleur de source
qui intuitivement écoute troublé et étonné
les mille grands reproches plaintifs
de l'eau à boire de demain.



Extrait de monrecueil HYPOCRAS
ISBN:978-960-92580-3-6

Beautés éphémères


Cyprès des morts, fertile,
silhouette insoucieuse et habile
qui ressuscite et qui chante
les beautés éphémères et futiles.

Vieillard sans espérance,
ni vivant, ni défunt
sans aucune importance
qui tâtonne, qui trébuche,
qui rassemble les fragments
d'un sourire d'enfance.
Sourire d'enfance,
jardin d'innocence.

Naissance,
adolescence,
connaissance,
puissance,
pour en finir
vieillard sans espérance,
vieillard sans importance.



Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 ( Athènes-2004)


Au détour de la rue


Au détour de la rue
surgissent des visages,
des paroles de trottoir
et des filles sans corsage.

Les regards sont intenses
aux plus beaux des gaillards,
aux trapus, aux hideux,
aux songeurs vieillards.

Est-ce jour, est-ce nuit?
C'est l'enfer insondable.
Des désirs déchaînés ...
Des regards lamentables ...

Qu'ils soient vieux ou jeunes
ils festoient pêle-mêle.
Les plus vieux s'accaparent
des jeunesses charnelles.

C'est la joie du plaisir,
les tendres caresses,
le silence de la nuit
où l'amour se presse.

Chaque soir, à l'heure dite,
les jeunes ventres se tourmentent,
les cadavres en profitent
et personne ne les domptent.

C'est la rue du détour
où surgissent des visages,
des paroles de trottoir
et des filles sans corsage.



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Abîme


Vertige de l'âme

qui circule autour de l'absurde

ou tourbillon d'un rire de sage

dans une nuit très noire,

couleur de ténèbres.

Force d'être


Entre la pierre et l'herbe,
Goutte de rosée stérile.

Entre le blanc et le noir,
Lumière brouillée.

Entre les quatre murs,
Traces de morts rétrécies.

Entre le réel et le rêve,
Passion démesurée de vivre.

Entre l'absolu et le définitif,
Plénitude spirituelle subtile.

Entre la vie et la mort,
Livre qu'on n'ouvre jamais.

Entre la raison et le cœur,
Dieu, rire tendre d'enfant.

Entre Dieu et le septième sens,
Mots fous, paupières crispées.

Entre le ver et son cocon,
Poète, racine ascendante.



Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)

Visage épuisé


Je connais cette image brumeuse,
compagnon de ma nuit souterraine,
absurde, sourde et rêveuse,
sur la face d'un miroir souveraine.

Familier, je la croise frémissant
et soudain elle sourit insolente.
Dans une nuit qui s'engouffre sans croissant,
me salue, face à moi, tête béante.

Je connais son visage épuisé
dont les traits chantent l'amour et s'effeuillent.
Puis confuse se retourne yeux croisés,
tourbillonne dénudée comme une feuille.

Ô, séparez-moi de cette vue qui fut mienne,
nuit sans fin, aveuglante, torche vermeille!
Que tous chantent d'une ardeur païenne:
"Elle a vu, a aimé les terrestres merveilles".



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Poésie


Avec toi,
je me réduis à l'état d'ombre,
plus subtil que le sang de mes veines,
égaré de la raison
et privé de ma mortalité.
Je traverse, invisible
l'interstice entr'ouvert
d'une nuit étendue
qui me procure le doux sommeil
des heures plaisantes,
du délassement des frontières glacées.
Avec toi, je m'abreuve
aux périlleuses sources
du chaos sans forme
pour perpétuer ma propre substance.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Poésie II


Fleuve d'eau
qui coule dans l'eau
à travers un terrain
vague avenir
pour ensevelir la parole,
flamme de joie.
Reflet diamant
peint sur mes lèvres,
seule vérité du hasard
qui tend les vertus libres
de mon cœur
aux flots révélateurs
de la mer.


Poème extrait de mon recueil Rires des Sages
ISBN : 960-630-040-4 (Athènes-2004)


Haine homicide


                          Le passé colonies despotiques...

               Le présent bombes et raids de bourrique...

            Et le futur, renouveau esclavage hermétique...





Le perpétuel du siècle


Mon siècle
conduit sa course
et rien ne le guide.
Il ne sait que désirer
et où aller.
Indifférent et entêté
il suit un chemin maudit
de plein gré.
C'est son noir destin ...
Il entraîne tout dans l'abîme,
sauf le cœur des poètes ...



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Serrure du temps


Vos tourbillons
disparaîtront,
grâce aux nouveaux tourbillons.
Tendez un peu l'oreille,
fixez un peu le regard ...
Reculez ...
Reculez en arrière ...
Avancez un peu ...
Légèrement à gauche ...
Quelques centimètres à droite ...
Le flux vous emporte.
Le reflux vous presse.
Une chauve-souris se jette ...
Suivez attentivement ma baguette
pour vous mener loin de l'ennui.
Baissez les yeux ... Voilà ...
Et la tête ...
Haussez les épaules ...
Et puis saluez ...
Et surtout souriez ...
Ou plutôt faite semblant de sourire.
Silence!
Silence tout simplement!
La vie est terrible!
Vous n'êtes pas à la fin de vos douleurs.
Il faudra compter encore
quelques décennies,
voir quelques siècles encore.
Vous ne penserez à rien,
uniquement à moi
ou plutôt à ma baguette.
Elle est jolie ma baguette! ...
Bonne! ... Si familière! ...
Tant aimée, tant attendue ...
Dieu vous a fait différemment
mais qu'importe ...
Moi, je vous ôte l'âme, l'esprit
le génie, la joie, le bonheur
la pitié et le rêve.
Ah! Le rêve, surtout le rêve ...
Et vous serez enchaînés tous,
pour toujours
et selon le rythme
de ma prodigieuse baguette.
Ainsi vos tourbillons disparaîtront
grâce aux nouveaux tourbillons.
Allez marchez, en avant,
un, deux, trois ...
Un, deux, trois ...
Un pas à gauche ...
Un pas à droite ...
Et faites demi-tour
au repère zéro.
Et puis marchez en arrière, cette fois-ci ...
Un, deux, trois ...

Un, deux, trois ...



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


(Au dernier Empereur -Basileus de Byzance Constantin Paléologue Dragazis héroïque défenseur de la ville de Constantinople et de sa cathédrale patriarcale Sainte -Sophie en l'an 1453 après J.C.)


Clair de Paix


Je me souviens d'une grande Ville
qui réjouissait pour son immense Église
où quelques compromis stupides et bien fragiles
l'ont humiliée d'orgueils à maintes reprises.

Je me souviens d'un Roi, béni et vénéré
avec ses quelques milliers de braves,
l'apothéose d'une âme fière qui a persévéré,
martyre selon la foi d'un siècle grave.

Je me souviens d'un Empereur, courageux et viril
à travers tant de sièges et d'effrois,
combattant le grand Turc pour défendre sa ville
comme le firent ses aïeux autrefois.

Je me souviens d'un Basileus, tué d'un cimeterre
à la porte Saint-Romain par un vil janissaire,
Constantinople saignant au pied du Turc par terre,
mutilée, crucifiée comme un bouc émissaire.

Je me souviens de toi, Seigneur de la raison,
ici, ton précieux sang encore ruisselle,
il s'en va naître après chaque floraison
il naît, il coule à flots, de tes murailles, de tes autels.

Je me souviens d'une servitude de glaive,
six siècles accoutumés dans cette austérité.
Un jour, le vieux Byzance renaîtra de mes bons rêves,
indépendant pour assurer la paix et la prospérité.



Poème extrait de mon recueil " CORNE D'OR "
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2006)



Constantinople


Était-ce encore hier au-delà de ce voile
où s'écoulait mon enfance angoissée,
miroitaient mes amours et mes haines,
tourmenté s'en allait le passé?

Était-ce hier, face au ciel où mon âme solitaire
s'emplissait des douleurs lointaines,
arpentait l'évidence transparente,
s'agitait çà et là, dispersant toutes les peines ?

Était-ce, dans ma ville natale où l'enfer familier,
déployé sur ma route, me rongeait les vertèbres
et les vagues écumeuses de la mer du Bosphore
respiraient sagement dépliant les ténèbres?

Était-ce des chemins brefs, des années de mépris,
oppressés dans ces grandes murailles
où ma vie, s'échappait librement ascendant
comme fuit la fumée d'une touraille?

J'ai passé des années de folie,
dévorant une vie tout entière,
dévasté comme Byzance outragé
et n'osant regarder en arrière.

Je porte solitaire, le fardeau
d'une histoire silencieuse et auguste,
d'une Ville asservie par les Turcs
de façon très horrible, de façon trop injuste.

Obstiné plein d'esprit et de force,
à pas lent, d'une ardeur brûlante,
je m'emplis répétant une prière au bon Dieu,
une prière qui résonne chancelante.

Ainsi surgira du fond des temps, ma patrie,
songe des vents, avalanche du silence,
rêve ultime de mon âme vespérale,
mon Bosphore, la limite du sud-est
d'une Europe grande puissance.


Poème extrait de mon recueil " CORNE D'OR "

ISBN:978-960-930094-0 Athènes-2007


Larmes roméïques

                                                          ( À moi qui suis interdit d'être ton glorieux citoyen.)


Parmi les maintes fleurs
blanches, rouges et roses,
Constantinople « La Belle »
promet plein de bonnes choses.

Grande ville étrange
à l'attrait mystérieux,
ton ampleur ardente et folle
me rend soucieux.

Sous ta lumière blafarde
renaît ton ample sacrifice.
N' aura-t-il une fin jamais
ce misérable supplice ?

Mon cœur ainsi plaintif
murmure que l'heure est proche.
Calme-toi donc, consolations,
visions et prophéties s'approchent.

Où, renverrai-je enfin
l'écho de ma propre voix ?
Le monde est si petit
et si grande est ma foi.

Ne pleure pas infortuné,
déshérité et misérable poète !
Tu n'es plus seul dans ce calvaire,
dans cette longue quête!

Et sache bien que le regret
n'est pas le frère du rêve.
Ceux qui en usent horriblement du glaive,
périront certes par le glaive.

Parmi les maintes fleurs
blanches, rouges et roses,
ma ville natale promet
l'espoir en forte dose.



Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR 

suivi de CORNE D'OR

ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Le Bosphore


C'est ici que les étoiles du ciel
Et les ailes des anges
Ombrent toujours en plein devant la clarté.
C'est ici que les oiseaux de Paradis
Rapportent tous les délices d'une température d'été :
Offrande d'une bénédiction céleste
Et don d'une adoration spontanée.
C'est ici que l'esprit plonge
Avec la rapidité de l'éclair
Aux nefs dorées de la lumière.
Et c'est ici que jadis mon visage fut clair
D'une gaîté inaccoutumée
Comme celui d'un enfant,
Plongé dans un rêve stérile...


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
suivi de CORNE D'OR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Au sang qui se réveille


Adieu vautours, adieu serpents damnés,
gorgés de notre histoire et de nos marbres accaparés!
Notre soleil reviendra par vent pesant d'Orient,
aigle byzantin à deux têtes et aux ailes dorées.

C'est ce sang pur coulant de veine à veine
qui se réveille de sa berge pourpre veloutée.
Tiens, là-bas, il surgit dans la nuit de travers
d'un élan printanier mille et mille fois répété!

Adieu méduses, adieu requins sanguinaires
figés sur une littérature qui nous appartenait!
Ne voyez-vous pas se dissoudre insensible l'Europe
devant le gonflement d'une vague millénaire qui renaît...



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6
Athènes 2016




Athènes

Cette ville étrange
a pris toute la place,
les rochers, les champs, les oliviers,
les coteaux couverts de vignes,
l'histoire et les tombeaux.
A ses côtés les rivières ne chantent plus.
Elle a pour unique présage
les insoucieux rivages de lassitude
et les quelques mémoires de thym qui persévèrent.
Abandonnée à la caresse des cris,
aux rêves des passions,
aux bruissements de l'ivresse
et aux filles de vertu,
elle flotte parmi les âmes mortes et les larmes.

Cette ville étrange,
mythe léger, perdu à jamais
qui alerte menaçant
les calmes horizons de la terre
a toujours le même bruit de sang frémissant.
Cette ville étrange,
blessée, socle de l'histoire
éblouie par des soleils millénaires.


Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN : 978-960-92580-3-6


Aux puissances déchues


Ô, scélérats infâmes, vous que la rage consume,
ongle pour ongle, œil pour œil, dent pour dent.
Jusqu'à ce que tout votre arsenal s'épuise,
contemplez donc toutes vos atrocités d'antan !

Ne voyez-vous pas venir l'horrible déchéance
où maintes douleurs viendront troubler l'existence ?
Une victoire gagnée est aussi bien que perdue
même si vous vous sentez fort et encore invaincues !

Vous qui marchez farouchement intouchées
vers un triste espace et un énorme gouffre,
vos traces terrifiantes font terriblement peur
et menacent un monde effrayé qui souffre !

Chaque pas de votre splendide immensité
grouille en ferment orageux et trébuche
dans des lugubres profondeurs qui dévoilent
toutes oppressions et crimes d'embûche.

Maintenant que les jours de paix sont envolés
et que les guerres sont autodestructrices,
les invaincues n'auront pas le choix de s'échapper
et finiront d'une mort fatale et moralisatrice.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR

suivi de CORNE D"OR

ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Théâtre d'ombres


Un peu de poésie,
signe de la vérité,
de la peur et du silence.
Poète, dans ce cahier où tu feuillettes
tu écris le même bruit de sang à craindre
et quelques pleurs de haut deuil.
Tu excites la mémoire,
fragment de l'horreur
et tu demandes à la tempête
qu'elle n'allonge pas le couteau.
Tu griffonnes quelques vers,
c'est un simple geste de l'incompréhensible.
Tu refuses le peu qui te reste à vivre
pour t'insuffler un dieu dans la graine.
Tu franchis tes frontières
prenant le cap des nuits polaires
et tu brouilles les pistes
pour éclairer les mythes figés.
Tu te sacrifies comme Icare
que la chute défigure
et tu t'endors dans le gouffre
rassuré par gentillesse.
Un peu de poésie,
poète du silence.
C'est l'heure de la cruauté la plus haute.
Autour de toi chantent les poèmes.
Ce soir, tu fais tes petits gestes
pour nous rassurer
et pourtant personne ne se soucie
de ta chute frissoneuse.



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6
Athènes 2016


Songes naïfs


Mes rêves inachevés

d'un autre monde,

révèlent le présage

d'une apocalypse

qui brindille obstinément

devant des yeux absents.


Clair de vie


Je rêve,
d'un cœur enfant sans peine,
lumière infinie,
clair de vie.
En plein minuit de soir
frapper ma fenêtre
pour succéder à l'orage
et aux tempêtes de neige.
Arrêter l'horloge étrange
du temps qui ne revient.
Reculer la rivière
d'une vie de débâcle.
Assez de peines ...
Assez de morts ...
Lourd est le cri du destin.
L'enfant chante en moi
une autre vie plus vivante,
un désir pressant de vivre.
De recommencer ...
La vie, le ciel, la mer ...
Le printemps, l'été ...
À l'horreur du soir,
au silence de la neige,
je m'endors rassuré
dans son clair de vie.
Je m'endors dans sa douce royauté.



Poème extrait de mon recueil Liqueur d'Anges
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)


SOUPIR DE RIEN


Il était là,
dans le silence de la nuit,
en sa clarté de miroir
et portant sa vie tout entière en un genou
comme ombre épouvantail,
attendant l'heure indifférente averse
où l'ange déchu de Dieu
donne à boire à ses quadrupèdes.

Il était là,
avec tout le froid sur les épaules,
dans l'abîme d'être et de ne pas être
et après avoir versé toutes ses larmes
pour en finir feuille en oubli d'hiver
sur l'asphalte gris des sans abris.

Il était là,
gelé dans sa légende,
trompé par l'incessant mensonge Évangile
et derrière le regard absent et obstinément fermé
du ciel et de son Tout-puissant.

Il était là,
au milieu du calme
entre le ciel et la terre,
entre Jérusalem et prière,
ni visible... ni invisible...
dans l'étrange ailleurs... du rien...



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6


Jeanne, quand toi tu te tais


Jeanne, quand toi tu te tais,
des faucons surgissent d'entre les vagues sauvages de nos viscères.
Les foudres remplissent les fondements de nos âmes
pendant que les jours inaccessibles se perdent entre nos mains
et seul, les « j'en ai peur » s'entendent sur nos lèvres secrètes.

Quand toi tu te tais,
les sources s'effacent, les robinets se perdent
et les rivières où nos âmes boivent se tarissent
et les clefs de la misère ferment définitivement nos portes.

Quand toi tu te tais,
des temps morts se planent devant nos yeux.
La tristesse murit et la mort aussi.
Et personne ne se souvient de nous
et personne ne nous considère.

Quand toi tu te tais,
toutes les obscurités s'épaississent.
Certains brigands rusés, de leurs pioches et de leurs pelles
creusent les nuits affreuses.
Regarde Jeanne, comment les tireurs criminels
lancent avec précision leurs flèches mortelles
et comment les temps étrangement et indifféremment
s'arrêtent là, devant la mort de l'étreinte gelée.

Quand toi tu te tais,
les oiseaux tremblent et les insectes aussi.
Les arbres frissonnent...
Et tous nous frissonnons dans ces vastes nudités
et sous ces lourdes pressions
de nos impitoyables indifférences.

Quand toi tu te tais,
moi, je meurs et tu meurs aussi.
Mais avant tout meurent l'humain,
l'homme ou nos proches...
Avec nous meurent les routes étroites de la lumière
et notre très joli monde.
Oui Jeanne, notre joli monde...
où des fois tu venais me trouver
pour me dire qu'il était si joli...
 
Quand toi tu te tais,
il arrive des temps où nous inclinons la tête.
Des temps qui sacrifient et massacrent nos enfants.
Le couteau pointu et aiguisé de Caïn
articule toujours flamboyant.
Et les roses que nous voyons orner les places et les rues
ne sont que les simples cadavres
de nos pauvres consciences et responsabilités assassinées.

Quand toi tu te tais,
l'espoir est définitivement condamné et tué.
Et dès lors il nous devient difficile d'aimer,
de nous aimer et de nous retrouver.
Ainsi, nous comptons...nous comptons...
Oui, nous comptons seulement
nos morts lâches et interminables...

Et cela, ma petite Jeanne quand toi tu te tais
et quand tout le monde se tait d'emblée aussi...




Ave Caesar Wolfgang Schäuble

Graecum morituri te salutant

  Graecia ( 2012-2018 )


Adieu fripons


Heureux pillards
qui dans les rangs européens domestiques
ne voient en l'Hellade
que les ressources économiques
et dans les musées,
les objets de travail des marbriers
les maintes statues en bronze
à revendre aux fripiers.
Dévorés d'une soif de l'or
que rien ne sèvre,
ces banquiers n'apprécient
que tout ce qui brille en orfèvre.
Et si par hasard l'Hellade
à leurs désirs s'offrirait,
ils ne l'usurperaient pas,
sûrement ils la dévoreraient!...


Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6


 


Le venin de l'aspic


Je pose ma harpe sur une branche de saule,
Coupable ou innocent en haussant mes épaules.
Puis j'excite Satan et Dieu à se mordre
Et je jouis mon orgueil au milieu du désordre.
Ma place est étrange mais le dénouement sage,
Voir Dieu et Satan s'égorger dans une cage.
Pour le chant des peuples qui reculent et se resserrent
Cette lutte d'hommage ne fait que plaire...



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6


On rit mesdames... On rit messieurs...


On rit le jour, on rit la nuit,

on rit un peu partout.

On rit pour moi, pour toi, pour tous,

on rit un peu pour tout.

On rit dans les classes et dans les salles de théâtre,

auprès des fontaines et pendant les rendez-vous.

On rit messieurs, on rit mesdames,

on rit un peu pour vous!

On rit pendant les enterrements,

aux destinées et aux mauvais sorts.

On rit de tout cœur

à la vie et à la mort.

On rit des fois fort.

On rit parfois en silence.

On rit bien mon Excellence.

On rit bruyamment,

on rit jusqu'aux oreilles précisément.

On rit et on chante.

On rit et on blague

et on baise et on drague.

On rit partout aux grands pitres

et surtout aux vieux novices

qui vous confondent les treize épîtres,

aux ânes, aux imbéciles,

aux mini-jupes de Mademoiselle Cécile.

On rit aussi aux pauvres gendarmes

qui ont bien peur d'utiliser leurs armes,

aux militaires de carrière

qui n'y connaissent rien en matière de guerre.

On rit aux vieux curés austères

qui passent leur temps

entre les pâtés, la bière,

les petits verres et la prière,

aux moines qui se renferment dans leurs cellules

pour consommer tranquillement les "ecstasy" gélules.

On rit aussi aux jeunes évêques

qui couchent avec les plus beaux mecs,

aux nonnes et aux bonnes sœurs

qui vous récitent sans trop comprendre

tout l'Évangile par cœur!

On rit souvent aux députés

qui sont si culottés

ainsi qu'aux dévoués ministres

qui sont causes des grands sinistres.

On rit de temps en temps

aux Présidents des Républiques

qui collaborent avec cent trente cliques

et qui se font suffisamment de fric.

On rit aux maires clowns

les plus fameux des pitres

dont leurs cervelles

ne dépassent pas du tout

le un millième du litre.

On rit jusqu'aux oreilles aux riches

qui font les saintes quêtes

et s'accaparent les biens des pauvres

pour s'acquitter des dettes.

On rit parfois aux misérables rois

qui apportent malheurs

et quelquefois des grands effrois.

On rit surtout aux acharnés pédés

qui sont fort soutenus par tous et bien aidés.

On rit à ces charmantes adolescentes lesbiennes,

amies de lit, d'une conseillère de gauche madame Irène.

On rit si bruyamment

au bon prof de chimie, monsieur Philoctète

qui confondait les éthyliques,

les méthyliques et l'anisette.

On rit bien fort au Révérend père Théophile,

un acharné de petits garçons, un pédophile.

On rit aux grands artistes, aux grands poètes

dont on se souvient qu'à l'occasion des grandes fêtes.

On rit mesdames... On rit messieurs au condamné à mort,

au grand poète Villon qui a risqué à tout moment son sort.

On rit aussi souvent à moi, au lamentable petit poète

qui vous dévoile ce qui se cache dans ma petite tête

et qui est devenu pour vous, mesdames, messieurs,

la plus féroce de toutes les bêtes.



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Aux armes, aux armes terriens


(Inspiré de la 9ème strophe de la Marseillaise)



                   Pour qui ces ignobles entraves,

ces coups de poing, ces injures préparées?
Chers Occidentaux,
c'est bien pour vous et vos maîtres
et ce n'est pas un outrage!
C'est pour vous que j'ose m'insurger
et bien plus pour vos raids
et vos bombes de bourriques
qui ont but de réduire sans pitié
l'Europe, l'Asie et l'Afrique
à un vil renouveau esclavage despotique.




Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6




C'est Peu Dire


Sois comme une nuit de Mai,
éblouissante sous la sphère de la Lune.
Et moi, barde de tes passions et joies
pendant que tu te baignes dans une telle extase!
Ah, heureux ceux qui demeurent avec la beauté
et se rassasient pleinement en cette beauté
condamnée à mourir!
Plus heureux, ceux qui n'excitent pas les désirs
et restent éveillés en une délicieuse insomnie
avec un luth plaintif, suave et triste.
Et encore cent fois heureux,
ceux qui parcourent grain à grain
au-dessus du monde ingrat
la douce lueur de la Vérité
pour la défendre
contre les infâmes épouvantes humaines.



Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Dans ces temps d'incertitudes

les grandeurs sont à desirer,

à découvrir et encore plus à prouver...



Par Crainte


Je ne t'en veux pas nuit
pour le frisson qui tournoie dans ma tête.
Il pleut à mots lacrymaux
avec tout ce froid sur les épaules.
J'absous le temps passé
qui bourdonne d'illusions en déchéance.
Toujours inconnu,
mon ombre est debout marionnette,
prêt à être pris par le flux
d'incessants mensonges.
Je m'élance à la poursuite des images
avec les chevilles effarouchées.
Aucun de mes cris ne les trouble,
aucune de mes plaintes ne les irrite.
Je gis ligoté dans une peur coincée.
J'use mes nuits à craindre
jusqu'au premier lendemain
et mon cou scellé se plie
à toute heure de la nuit et du jour.
Est-ce bien moi qui abdique
à la force de l'évidence
et marche seul à la recherche
de mon ombre si lointaine?
La nuit a extrait tout le sang de mes veines
et j'ai déjà déposé d'un sourire
toutes mes armes.
Maintenant dents serrées,
avec ce vide autour de moi,
je caresse mes ennuis
et récite mes poèmes poussières.


Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN:978-960-92580-3-6


Ronces de la vie


Et j'en déduis
que tout ce que j'écris
avec une telle ferveur
sont d'informes poèmes,
ronces de la vie,
dotées d'étranges tonnerres
qui dévoilent ma face insensée
et disent les choses les plus touchantes
pour le cœur.



Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)




Ivresse orphique


L'âme déportée

par un nuage philosophe

régénère

l'absolu des anges

qui tissent

l'invisible de la vie,

espace

de la pure parole.


Maturité d'Automne


Par pitié ne me méprise pas
dans cette nuit d'automne !
Suis-moi en sûreté
dans cet accès où s'aventure
mon cœur peiné !
Cette nuit au moins
laisse-moi rire,
rire sagement !
Nous aurons bien l'occasion
de pleurer ensemble.
Ne te chagrine pas !
Sois heureuse mon amour,
plus heureuse que les chants des mortels
et le frémissement de leurs ondes cristallines !
J'implore ton amour
pour me sentir heureux
dans le gentil chuchotement
de ta tendre respiration.
C'est moi qui ai donné la vie
à tous les yeux en joie
et maintenant j'attends
que leur réchauffante splendeur
rayonne autour de moi.
Viens ici, très près, dans cet espace
où les oiseaux trouvent un plaisant abri,
souriant l'un à l'autre
dans ce si doux excès de plaisir
du monde affolé
avant d'y pénétrer dans la retraite des rêves
et la sombre planète du néant.
Heureux ceux qui s'enfoncent
dans un accès désert
de la plus enivrante beauté
pour atteindre la jouissance de la chaude matinée.
Et encore plus,
heureuses celles qui m'ont abandonné sans raison
et après avoir parcouru
mille et un détours,
m'aiment encore tendrement.



Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


A la muse gracile


Oui, je l'ai vue, je l'ai vue sur son lit,
bien plus fraîche qu'une rose qui se dresse.
Étouffant de sourire, un clin d'œil, elle me fit
et me prit tendrement dans son flux de caresse.


Oui, je l'ai vue, penchée sur sa mélancolie,
elle, toute calme, elle, si jeune et si triste.
Si bien triste, dans ce corps lune d'argent et joli,
fleur suprême, rayon doux qui persiste.


Oui, je l'ai vue, lumineuse et d'air frais,
pèlerine de mon mal, pèlerine foudroyée,
exposant un à un, exposant tous les traits
de sa chair outragée, mais pourtant bien payée.


La voilà, toute confuse, la voilà, toute sage.
Humiliée, elle frémit, humiliée, elle s'efface,
s'évadant comme un cygne, s'évadant de sa cage,
doucement sans murmure, doucement sans une trace.


Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)
 


Un instant s'il vous plaît


Je pensais à l'heure de la séparation
qui viendrait infailliblement
effacer celle d'il y a trente ans.
Je disais au revoir
avec une voix un peux traumatisée
et un soupir d'exaspération
et la réponse était un silence...



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6
Athènes 2016


L'octobre est nu


En bon ordre les racines menacent
la nuit calme des femmes.
Incertains à jamais les seins
laissent lever lentement les désirs.
Dents serrées cet instant est nul
et désigne le maitre secret.
De veine à veine le sang voyage ivre
courant toute la nuit.
Peu m'importe vos yeux couleurs,
reflets des déchirures.
Crispé au travers d'un parcours,
je respire le mot de passe
qui s'écoule au fil du temps.
L'octobre est nu...
Écoutez le frisson hésitant des doigts
aux parois du plaisir.
La houleuse arrivée de la sève
et les secouements profonds des membres.
J'ai déjà déposé le corps
sur l'adieu de vos caresses
et je ne me fais pas pitié.
L'octobre est nu...
Vous êtes là, par-delà et au-delà
et vous me parcourez
comme une terre nouvelle.
Non ne passez pas si vite,
j'ai besoin de votre chaleur et de votre sang.
Je suis là et je ne sais pas où déserter.
Serpents de toutes les antiquités,
venez boire et encore boire
pour vous en souler jusqu'à la lie.
L' octobre est nu
et délibérément le corps chaud s'évade
mouvant sur vos bouches roses,
souples et perverties...
L'octobre est nu
et vous invite à l'extase
des chairs et des accouplements...



Poème extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN :978-960-92580-3-6
Athènes 2016


Insolences


Ta main charme mobile
décrit les caresses passionnées
sur les chastes réserves de ta peau,
couleur de firmament
qui se balance
aux éclaboussements insolents
d'une eau-de-vie mâle
paillette d'or
s'étendant brusquement
sur ta berge ardente et veloutée.



                 Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
                  ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)




Jusqu'à l'os


Seul, émerveillé par sa beauté
il chanta une cantilène d'amour captivant.
Et elle, preste à se résoudre et se fondre
s'impliqua telle une esclave infortunée
avec son corps brûlant,
prometteur de mille plaisirs.
Et dans son accablante ivresse
elle s'exauça d'une souplesse
pour accomplir l'œuvre
que son corps s'était imposée,
en caressant de ses dix doigts
les plus charmants labyrinthes
pour explorer l'immensité de son plaisir.
Et d'un mouvement de vénération
s'inclinant jusqu' à terre,
elle joncha l'iris consolateur
pour se désaltérer
aux abondants breuvages de son suc.




Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)





Jalousie divine


Ce fut un jour d'avril,
ce fut une nuit tranquille,
paisible, loin de la ville
où mille et un parfums distillent.
Ce fut une nuit où nul résiste,
où mille étoiles étincelantes existent
avec une sorte d'admiration qui insiste
lorsque l'amour, les sentiments persistent.
Ce fut une nuit où la nature s'apprête
généreusement à célébrer sa fête.
Tandis que les amants se mettent en quête,
des dieux jaloux, du haut des cieux les guettent.



                   Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
                  ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)




Corps avide


Ta voix retentissante,
Noble et étrange,
Plus douce qu'un ange
Coule ruisselante.

Ton regard brumeux
D'une beauté divine
Enfle les narines
Et fait payer les aveux.

Ton corps musculeux
S'accroche à l'amour
Nuit et jour
D'un air somptueux.

Tes cheveux, toison splendide
Ombragent les deux mains
Qui caressent tes deux seins
Et ton corps avide.

Tes fesses mystiques
S'agitent en cadence
à l'appel d'une danse
Qui révèle l'Afrique.

Ton trésor unique
S'apprête d'ivresse
à la douce caresse
D'une glaive cynique.

Et tes lèvres vicieuses
à plein souffle du cor,
Arrachent de ce corps,
L'eau- de- vie délicieuse.


Poème extrait de mon recueil Liqueur d'Anges
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)


L'amour est parfois aveugle.

Rien d'autre à faire

que lutter l'incapacité à le comprendre...



A deux doigts


Mes bras sur ta peau

et quel charme!

Ô, fille de vingt ans

fraîcheur calme!


Soirée de verveine,

belle jeunesse adorée,

ravisseur de tes nuits

sur ta berge dorée.


Tes yeux rieurs

grandes chaleurs!

Tu souffles en moi

craintes et peurs!


Musique de nuit

jupons trop courts,

à jambes ouvertes

et sans détour.


Tes lèvres se donnent

aux lèvres habiles

et tout chavire

et le temps file.


Qu'amène ton corps,

tes jeux de nue?

Sur ce sommier

tes douces vertus?


Sous ces draps blancs

que de secousses!

Descente à pic

et j'éclabousse!


Vacances d'été,

ma belle petite,

je te déclare

ces quelques mérites!


Poème extrait de mon recueil Liqueur d'Anges
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)



Au grand rendez-vous


Dans l'ombre

un rayon s'abattit

face contre le mur.

Un sifflet retentit à l'oreille

et si lourd était le cri de mon âme.

Un morceau de lumière,

paillette d'or

se mit à chanter

un air du temps.

Mon cœur

ne m'avait pas trompé.

Il semblait s'avancer

au hasard

comme un chant infini

sous un ciel qui s'étire.

Et au grand jour,

mes pas vagabonds

s'accrochèrent au pas du soleil,

lorsque libre de pesanteur,

le soleil bascula

et s'enferma

dans les bras de la mer.

Tandis qu'une force verticale

me poussa vers le fond de l'eau,

dans le cortège des algues,

là où se croisent

les routes de la vie,

au grand rendez-vous

du silence,

au grand rendez-vous

du perpétuel mensonge.



Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)


Extases dissoutes


Le soir tomba à pas lents
aux contours de minuit
dans les ténèbres
laissant un cœur repu
et plein d'amertumes
au milieu d'autres douleurs.
De mes espoirs je conserve l'amour,
la défiance, la haine et le dédain.
Triste et aveuglé par mon fantasque caprice,
j'abuse de cette nuit de minuit
par toute la félicité somptueuse
d'un dragon fortuné
pénétrant très distinctement
dans les espaces de rêves diffus,
nichés dans la paisible vallée
des choses mortes et inanimées.
Enfin, de cette nuit naquit
une joie sans mélange
que les poètes dans leur folie
disent le doux péché
ou le point d'appui,
peut-être le seul et l'unique contact
de la froide philosophie
qui comme langue de vipère
dans sa radieuse fierté
à l'aide de règles et de lignes
court dans la chaleur surnaturelle de mes veines.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR

ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Dans l'engourdissante obscurité


Mon esprit vagabond
accompagné d'un doux luth,
bouillonne d'une étrange puissance
entonnant un refrain heureux
sans penser au jour fatal.
Oui, j'ai cueilli toute ma vie
des joyeuses fleurs,
des pervenches, des ronces
et des roses sauvages.
Et l'enchantement du printemps
disparaît maintenant
sous les fruits de l'automne
avec une tristesse musicale.
Et pourtant je m'efforce de rester
dans l'amoureuse obscurité,
tenant tête au courant
et presque fou de penser
au frémissant orgueil qui m'accompagne.
Inconnu de tous,
voire même des oreilles oisives,
à l'abri de mon luth
instrument de torture
qui me broie lentement
dans ma couarde lutte.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Mes pensées


Mes pensées, un tendre baiser
qui s'impose à vous
et qu'un excès de plaisir
a rendues perplexes,
manifestent d'une idée nette
le noble but de mon imagination.
Rien de plus agité
sinon quand subir ce baiser
au cœur de ces vastes quiétudes
sur lesquelles parfois s'endorment
les adorations les plus spontanées.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)





À l'inverse des nuits


Un rêve liquide
mille et mille fois répété
dans le calme de l'aube lourde
retrouve pas à pas
à travers les pierres millénaires
les racines enchevêtrées de son passé.


Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN : 978-960-92580-3-6


Dernier soupir


Où est le bonheur ?
Dans les gais plaisirs d'une jeunesse ?
Sur le visage brillant d'un sourire tout joyeux ?
Ou dans l'esprit de deuil d'un amour anéanti
qui baisse la tête avec accablement
et pleure sur ses plaisirs perdus
tout en versant ses larmes
jusqu'aux racines des arbres ?
Où donc est le bonheur ???
 

Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)




Pensées indiscrètes


Par-dessus l'infini océan doré de blé mûr,
sous un ciel à plein poumon d'air pur,
là, où apparaissent les polymorphes délires,
nos visages s'animent avec mille sourires.

Une belle fleur s'est levée du sein de la prairie,
détournant nos âmes de toute mystérieuse léthargie
et jetant des rumeurs de satisfaction éternelle
a remporté nos malheurs d'inspiration charnelle.

Et toi, prophétesse de l'Antiquité, ô, muse suspecte,
échauffant l'insinuation de notre pensée indiscrète,
laisse nous méditer tes énigmes universelles,
là, où demeure un enthousiasme infiniment perpétuel.


Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 ( Athènes-2004)


Âme éperdue


Noyé dans mes pensées
sans amour, immobile et couché,
je ne me sens plus là et mon âme se promène
éperdue dans une ombre lointaine
quelque part où mon cœur a bramé,
quelque part dans un astre oublié,
seul bijou de mon passé bien-aimé.



Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 ( Athènes-2004)





Guirlandes d'écumes


La vaste mer roule sans fracas
d'une éternelle destruction
sa vénérable splendeur.
Et de ses mille yeux sauvages,
guirlandes rafales d'écumes,
m'entraîne d'un long gémissement
dans son profond soupir,
au dernier rêve irréfléchi
dont nulle fois je n'ai rêvé.


Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)





Royaumes merveilleux


Le but de mon existence
Une délicieuse insomnie,
Sans crainte ni souci
Dans un vaste monde
Enchanté par tant de charme
Et avec maintes poésies,
Élysée Éternel
Que mon âme s'est imposé
Sans pouvoir se rassasier.


Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)


Punition


Libre d'aller malgré moi
au-delà du temps
et ne plus exister
aux yeux de personne.
Libre de marcher
dans un silence
que trouble souvent
le craquement des branches mortes
sous mes pas.
Libre de rester là,
toujours là
dans le vide de l'enfer
malgré l'horreur
que la mort m'inspire.



Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN : 978-960-92580-3-6




Tourments éternels


Ô, rayons tremblants d'un ciel qui danse
Sur une feuille de papier à blancheur intense !
Ô, fruits mûrs qui se transforment en vers
Qui répandent les clartés d'un autre univers !

Ô, pétales d'une mémoire candide et fertile
Qu'on apprivoise une nuit sereine d'avril !
Est-ce vous ces démons qui flambent de silence
Qui méditent le destin, l'infini, l'existence ?

Incertitudes damnées, ô, ma lisière lointaine !
Qui m'épuise doucement et me traine
Près des ombres, vers Cythère aux tourments éternels,
Là, où mon âme éperdue reflète ses paroles immortelles.


Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)


Abîme

Vertige de l'âme
qui circule autour de l'absurde.
Ou tourbillon d'un rire de sage
dans une nuit très noire,
couleur de ténèbres.


                         Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
                       ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)



Étrange hypothèse


Est-ce vous dans ma tête aride,
mes bons dieux invisibles et timides,
mes sibylles, mes pythies palabreuses
qui chuchotez pour votre sort, insoucieuses?

Est-ce vous les grandes bêtes stupides
du hasard, de la cause et du vide?
Les conteurs des déserts Évangiles,
l'hypothèse de roseau absolu et fragile?

Où êtes-vous sépultures chaotiques,
comme ce sphinx d'Égypte immobiles et antiques?
Fétiches vagabonds qui bifurquent, qui piétinent,
qui ronronnent dans le noir, mais fascinent.

Vous mes divins célestes, fabuleux acrobates,
ici-bas vos fidèles comme des chiens ils se battent.
Il est temps que j'éteigne votre astre,
épilogue du chaos, épilogue du désastre.



Poème extrait de mon recueil RIRES DES SAGES
ISBN:960-630-040-4 (Athènes-2004)


Lamentations solitaires


           A peine puis-je écrire l'amère suavité de mon rêve stérile que quelques lueurs indistinctes reflétèrent dans sa plaisante fraicheur apportant les émanations parfumées du jasmin et de l'églantier odorant. Ciel étoilé, oui, toi, profond et éternel, bercé dans les parfums les plus délicats, l'air du soir est si éthéré parmi le frémissement des feuillages et si sphérique et envouté enserrant toute ma solitude et mes pensées naïves. Pourquoi vouloir dépouiller ma pensée dans les mystères des grands désespoirs et réveiller puis émanciper le frisson de l'hiver parmi les silencieuses fleurs de la nuit ? Si profondément affligé, un ruissellement à peine visible s'élève dans la pénombre d'une rime éclatante. Tandis que ma soif pour la poésie n'a rien de méprisable et mon état, est celui d'esprits qui flottent dans le néant, comme fait le pâle enchantement d'un rossignol perché sur la plus haute des branches d'un peuplier. Ici, la poésie s'alimente de sa propre substance et de son propre venin. Étincelante et roulée en cercle dans l'obscurité de cette fête de nuit, murmure sa dernière prière au travers de mes rêves stériles.




Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)




Ne m'appelez pas...


Ne m'appelez pas, c'est inutile...
Comme Dieu je ne vous entendrai pas!
J'ai déjà décroché le téléphone
Et tourné le bouton de la radio
Pour ne plus me tourmenter
Avec vos questions.
Je sais, vous auriez trop peur
De me perdre tout de bon.
Mais que faire, ici dans ma chambre
Mon âme me fait mal,
Me piétine, me tue
Et me livre à la poésie
Et ne sait le pourquoi.

Ne m'appelez pas, c'est inutile...
Il est minuit et la nuit s'est couchée.
J'ai déjà cadenassé la porte à contre-courant.
Ici, les poèmes ouvrent mon chemin
Pendant que la lumière de la lampe
S'implante solidement dans ma chambre.

Ne m'appelez pas, c'est inutile...
Dans ma chambre appelée demeure,
Je tremble en attendrissant mes doutes
Et je creuse la mort au voisinage de la solitude
Pendant que l'espace se resserre
Sous la patience de la lampe.

Ne m'appelez pas, c'est inutile...
Comme Dieu je ne vous entendrai pas.
J'ai peur de la lumière dans la maison
Et des affections ascendantes sans souvenir.
Sous mes pas, le plancher a un aspect étrange.
Ici un trou, là une bosse
Et ailleurs il manque une planche...

Ne m'appelez pas, c'est inutile...
Depuis longtemps, j'ai décroché le téléphone
Et tourné le bouton de la radio.
Au fond de moi la lumière de la lampe
Dévoile ses paupières endormies
Et mon âme s'est déjà défigurée
Sur la pointe de mon stylo.
Elle poursuit sa course habituelle
à travers mes jours et mes nuits...

 Ne m'appelez pas, c'est inutile...


Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN:978-960-92580-3-6


Images noires


Au pied de ce tombeau

qu'est mon corps dévêtu,

je passe comme une ombre,

un bruit régulier d'âme,

une poignée de cendres frémissantes

où chaque herbe

s'affole à l'idée de la mort.


La maison au loin


Le parallélépipède tourment
débride encore ses yeux d'ombre
sur les terres matin d'avril
et mon âme, pur présage ainsi déposé
glisse lentement vers l'autre côté de la vie.
Désormais, je dirige l'immobilité
qui s'écoule au fil du temps.
Je suis Dieu de ma plénitude
et démêle les racines bruissantes du genévrier,
signe absolu de l'apocalypse.
Pourtant je ne crains rien
sauf quelques choses ou quelqu'un
ou plutôt les places vides et les volets clos.
J'ai déjà quitté la parenthèse du sous-espace
et j'avance comme grain de vent
dans ce long pèlerinage qui fusionne avec la fin.
Tôt ou tard je serai pensée ou lyrisme
dans le murmure des minéraux.



Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN : 978-960-92580-3-6


Etranges contradictions


Ce n'est pas plus la force de la pensée
mais seulement une imitation du réel.
L'essentiel m'échappe
et il m'échappera toujours.
A vrai dire l'absolu n'est pas de mon ressort
et de mon ambition.
Et je m'arrête là,
modelé par mon entourage matériel
sans beaucoup d'orgueil devant l'Inconnaissable
qui me déforme et me transforme
dans l'étroit passage d'un va-et-vient accidentel.



Jean Ioannis Bozikis

                   Extrait de mes tentations philosophiques

Quant à ma Matière




Mystère de la vie


Vie incessante

nourrie de chutes,

de débâcles, de transformations,

de bouleversements, de catastrophes,

de mélancolies et de larmes,

répétitives sans fin

et toujours miraculeusement renaissantes

dans cette même mouvance...

Au sortir du grand drame fatal

tu continueras avec zèle et insistance

ta création scintillante.


JEAN IOANNIS BOZIKIS



Cendre de Dieu


Demain se dispersera
un nouveau mot,
fragment énigme
d'un rêve inaccompli
qui éveillera les présages émus
venus de plus bas
que les vers oubliés des poètes.
Et ma vie, identité d'hirondelle
sortira échappée du temps
cherchant à s'esquisser encore
dans les fragmentations du vent
pour tisser minutieusement
la naissance de la mort.
Et moi, je me tairai par gentillesse
ou par crainte de nuire à Dieu.
Il se peut, oui il se peut
que Dieu existe ...
Et entre nos deux existences;
celle de Dieu, virtuelle
fascinera toujours
plein de dogmes et de mystères de Paradis.
Tandis que la mienne, calme
inoffensive mais réelle
persistera comme cristal de Bohême
dans le chuchotement sucré des Anges.
Et à l'heure zéro,
là où Dieu, Divine Coccinelle
rassuré s'endormira
sur son silence de prière,
moi, comme souverain spéculateur
tout en cherchant à retarder son sommeil,
je rentrerai dans ses secrets
dans ses mystères,
dans sa lumière qui illumine
pour le cohériter et devenir,
ne serait-ce qu'à ce petit instant donné
de liberté transfigurée,
son maître.



JEAN IOANNIS BOZIKIS
Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)


ULTIMA RATIO


(4 ème Respiration)

Moi aussi, j'ai vieilli
après un bon nombre d'années
dans ce dôme fermé,
dans cet univers fermé
dit Dieu, désespéré
en créant des choses fantastiques:
la lumière, la mer, la pluie,
les rochers, le silence,
l'arbre, le rossignol et l'anémone
mais aussi l'homme.
La dernière et dangereuse cime de ma création
ainsi que l'incompatible engrenage de la vérité
qui me montre sans relâche
son coup de poing.
Maintenant, je me sens encerclé
dans ce cercle de l'illusion,
dans cette sphère de ma fantaisie
et de mes rêves.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Si incorporé


Matière, dignité confondue ,

humiliée et foudroyée d'un chef-d'œuvre

presque inaperçu du monde

qui s'évapore comme parfum subtil

à l'absence d'aucune célébration

et surgit comme une gerbe de feu

dans l'explosion du ciel

pour clore sa destinée.

C'est pour cette Matière dont me suit

le charme dans toute son intégrité

que se doit un cœur enduré de tristesse,

ombrageux à tout intrusion

qui exhale les délicieuses échappées des rêves.



Texte extrait de mon recueil de tentations philosophiques
intitulé « Quant à ma Matière »
ISBN:978-960-92611-8-0 (Athènes - 2011)


Dieu


Rire infini,

scrupule ombre

d'un univers sombre.

Force d'orgueil

mi-morte

qui cueille

les saveurs du silence

et tâtonne les secrets ravisseurs,

couleur d'abîme,

baiser d'insolence.


Poème extrait de mon recueil Rires des Sages
ISBN:960 - 630 - 040- 4 (Athènes-2004)


L'autre dieu


(2ème respiration in limine)


Mon aspect est mon ombre
dit Dieu et continue.
Mes sons sont les couleurs et les sens.
Mes lumières sont la vitesse,
le mouvement et le silence.
Mes créations sont l'harmonie,
la synthèse et la dissolution.
Ce sont la pierre, le soleil,
l'étoile, le rossignole et l'anémone.
Mes insomnies sont le doute et le chaos.
Mes doutes sont l'incertitude et l'utopie.
L'utopie est l'homme.
Et l'homme est l'aigle,
l'autre dieu qui me dévore...




Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La respiration du vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003

 Contra Naturam 


7 ème Respiration

Je ne peux pas prier, dit Dieu.
Tout d'abord parce que je suis Dieu
et après tout je ne sais pas
à qui prier.
Que ma Divinité me pardonne.
Par moments, je me fais
des idées et des pensées curieuses
qui me comblent de crainte.
Que le vent puisse les prendre
et qu'elles s'éparpillent
dans la lumière du soleil
et qu'elles s'éparpillent
dans les ondulations du son.



Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La respiration du vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Dieu est éternellement créateur


29 ème Respiration


Je ne suis pas chrétien,
je ne suis pas hindou,
ni musulman et ni vaudou.
Je ne suis pas blanc et jaune,
je ne suis pas noir
ni peau-rouge et ni ivoire.
Je ne suis pas grec,
je ne suis pas européen
ni juif ni africain et ni américain.
Je ne suis pas droitiste,
je ne suis pas gauchiste
ni même centriste
ni même dictateur ou anarchiste.
Je ne suis pas si méchant
et je ne suis pas si bon.
En plus je ne suis pas si négatif
ni même si positif.
Je ne suis ni un impartial
et ni un indifférent.
Je suis uniquement un créateur.
Un dieu tout simplement
qui crée tout éternellement.
Un dieu qui observe, qui juge
et qui contemple
et qui soupir tout tendrement
et qui soupir dans son ensemble.



Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Minitor mortem alicui


3 ème Respiration


Et Dieu dit: maintenant

je m'exprime au jour avec le soleil,

à la nuit avec les étoiles,

à la nature avec la lumière et la pluie,

à la pierre avec la pesanteur,

aux arbres avec l'eau et le vent,

à l'anémone avec les couleurs,

au rossignole avec un sifflement

ou un mouvement d'aile.

Quant à l'homme, je m'exprime

seulement avec la mort

et sans aucune autre parole

et sans amour.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Sic transit Gloria Dei


11 ème Respiration


Pourquoi avec tant d'amour

et avec tant d'admiration

je me prosternerai devant toi

puisque tu m'as déjà oublié

et puisque tu ne te souviens pas de moi.


 In eum locum res deducta est


5 ème Respiration


Je marche dans l'éternité

recherchant mon ombre

dit Dieu et continue.

Je ne me rappelle de rien

ni de la lumière ni de l'étoile,

de la pierre, du chêne,

de l'anémone et de l'hirondelle.

Je consume mon temps

en tâtonnant des rêves virginaux.

L'homme un passé lointain,

perdu et le visage incliné

aux peines humaines

m'abandonne désormais

aux ruines de mon sommeil

et au socle de mon silence.



Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Primus inter pares


20 ème Respiration


Si le nom Dieu t'ennuie

appelle-moi brouillard, araignée,

rossignole, pluie ou anémone.

Ou encore mieux homme.

Oui homme, exactement comme ça.

Et cela pour ne pas m'envier.

Enfin quoi qu'il en soit,

Moi, j'exercerai toujours

et pour les siècles des siècles

la fonction de Dieu

et toi tu exerceras la fonction de l'homme.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Cogito ergo sum

23 ème Respiration


Moi, je ne me vois nulle part dit Dieu.

Cela dit, je n'existe pas.

Pourtant je m'assieds tranquillement

sur un rocher

et je respire l'espace

ainsi que mon silence.

Je murmure dans le vide.

Je falsifie la vie

et je falsifie la mort.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003




Et ira facit versus


                24 ème Respiration



Lorsque je veux changer d'aspect, dit Dieu,

je deviens vent, pluie,

fourmi ou hirondelle

ou des fois rose ou anémone,

ou tout simplement un simple poème.

Oui, un poème qu'écrivent souvent

les poètes petits, grands, connus et inconnus

et qui décore les cahiers de poésie

et dont personne ne lit en général

et qui se couvre de poussières

et de toiles d'araignées

et qu'on abandonne dans le fond des ténèbres.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Horror vacui

28 ème Respiration

 

Je suis au bord d'un précipice, dit Dieu

et sans force, je me maintiens en equilibre

par la racine d'un arbre quelconque.

Un petit berger me tient par le coup.

S'il me laisse, je tomberais

dans l'odeur du vent,

je tomberais dans la mort de mon illusion.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003




 Paucis verbis

12 ème Respiration


J'esquisse l'homme, dit Dieu,

sa forme n'a pas d'encadrement.

Elle rappelle très peu un homme

et beaucoup plus moi, Dieu.


Gâtés par l'usage


Vous poètes,
Pourquoi voulez-vous
souhaiter la bienvenue
des époques malheureuses
et consacrer votre vie
à cette tâche profane ?
Pourquoi ne voulez-vous pas
dégager vos esprits
des ronces qui vous étouffent ?
Votre noble but, riche en dons
s'incline dans le délicieux désespoir.
Eloignez-vous donc
d'une ample sagesse
de ce découragement
et du misérable fléau
de vos pensées changeantes.
Dévoilez, d'une conception bien nette
votre manifeste poétique
comme une large croix
que l'on tient très haut pour exprimer
tout ce que l'on a osé penser sans remords.
Et si par hasard un soleil brûlant
vous fonde les ailes
et vous jette dans un précipice,
gardez la tête haute,
explorez l'immensité de l'esprit
et ne reniez point les sentiers de l'honneur :
l'amour, la fraternité et l'espoir.



Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


Perfas et nefas

25 ème Respiration


Comment se rapproche-t-on de Dieu?

Avec la vérité et uniquement avec la vérité

qui nie l'évidence.

Et comment s'éloigne-t-on de Dieu ?

Avec l'évidence qui nie la vérité

répondit Dieu.


Unde malum

31 ème Respiration


Et qui est Dieu? Demande Dieu.

Le tout-puissant et le tout-grand esprit

qui a créé les étoiles, la pluie,

le chêne, l'anémone, le rossignole

ainsi que moi avec tous les biens de ce monde

répond l'homme.

Quelqu'un qui croit à sa divinité

et qui ne croit pas à Dieu

répond le diable et il ajoute.

En vérité moi, oui moi

qui et pourquoi m'a-t-il créé?


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Contra naturam

27 ème Respiration


Je ne peux pas prier, dit Dieu.

Tout d'abord parce que je suis Dieu

et après tout je ne sais pas

à qui prier.

Que ma Divinité me pardonne.

Par moments, je me fais

des idées et des pensées curieuses

qui me comblent de crainte.

Que le vent puisse les prendre

et qu'elles s'éparpillent

dans la lumière du soleil

et qu'elles s'éparpillent

dans les ondulations du son.


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003



Ex abrubto

30 ème Respiration


Si tu veux me parler, dit Dieu,

tu n'as qu'à me rencontrer

au centre de la ville

ou plutôt au marché.

Adresses-toi chez un herboriste,

chez un marchand de poisson

ou chez un épicier.

Je suis l'un d'entre eux,

un homme simple et habituel.

Regarde aussi la balance

du marchand de poisson.

Je suis aussi la balance...


Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


Quo vadis ?

32 ème Respiration


J'ai perdu mon chemin, dit Dieu

et il continue.

Je ne sais pas ce qui m'attend

et je ne sais pas s'il ya un retour.

Une main ambigüe et luciférienne

me traînent vers un sentier inconnu.

En vain, je me fatigue,

je me donne de la peine et me tourmente

mais je ne succombe pas à la tentation.

J'ouvre mes ailes

pour revendiquer mon droit Divin,

et exister invariablement comme toujours

voir même fossilisé,

et pour trouver une issue

dans un temps immuable

qui s'éteint dans le temps

et qui court sans relâche dans le vide

et se perd dans le chaos.



Poème traduit du grec et extrait de mon recueil
édité en langue grecque « La Respiration du Vide »
ISBN : 960-87647-3-4 Athènes - 2003


A perte de vue


Oui, que chacun m'écoute
esprits dociles, cœurs gentils,
demi-dieux sans royaumes, aux yeux menaçants
et dissimulés sous les sourcils,
berceuses Dryades au milieu de mélodieuses prophéties
et vastes mers qui se dissolvent dans le silence
comme le plus large linceul.
Je crains de ne pouvoir vous adresser
mon tendre adieu avec gaîté.
Il est trop tard pour déranger
la grâce et la faveur du ciel
et discerner cette minute
oubliée depuis bien longtemps.
Faisant un signe plaintif
qui ressemble à un adieu
- du moins pour moi -
je fondrai comme un torrent gelé
du haut de l'Olympe
pour échapper dans les régions
inexplorées de mon esprit,
édifiant mon temple de plaisir,
mon unique demeure de poète
auprès d'une fontaine inépuisable,
guettée par une éblouissante lueur consolatrice
d'un Avenir Inconnu.




Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)





Pleine illusion


De quoi vaincre l'inexistence ?
De là paraît tout le mystère !
Le néant venu après moi
et moi une conséquence par surcroit?
A égal à A', je me trouve toujours là et après A.
A plus grand et égal à A',
je me trouve toujours là superposé au néant,
bien qu'un petit peu plus haut que A'.
A plus petit et égal à A',
abolition totale de A et A'.
Inexistence à la fois de moi-même et du néant.
Ici se dissimule toute la vérité de ce raisonnement
et se réduit à un simple mot indéterminé
distinct et confus : PLEINE ILLUSION.


Texte extrait de mon recueil de tentations philosophiques
intitulé « Quant à ma Matière »
ISBN:978-960-92611-8-0 (Athènes - 2011)


Cœur qui suis-je ?

La molécule du hasard
parmi les milliards de molécules?
L'insatisfait d'une vie ?
Le révolté "silencieux"
impatient d'en finir ?
Le vertige sommaire
qui finit si mal ?
Le condamné à vivre
jusqu'à nouvel ordre ?

Ou la répétition de la mort suspecte ?
Cœur du vide,
du hasard,
Qui suis-je donc ?


Poème extrait de mon recueil Liqueur d'Anges
ISBN:978-960-930094-0 (Athènes-2007)

      

Au sommet de la mort


                Qu'elle vienne, qu'elle vienne

et la joie et la gloire,
l'espérance est la même,
tout respire dans le noir.


Et mes ailes misérables,
silencieuses se tendent,
vers un temps de bonheur,
vers une paix très profonde.


Tout s'éloigne, tout s'enfuit
au sommet de la mort
et le mal est plus doux
et l'espoir est plus fort.


Et voilà, qu'elle approche,
éclatante comme une reine,
arracher de mes lèvres,
ma senteur sereine.


Je suis seul, tout au bout
et me voici, poète,
comme un chant d'une autre vie,
comme une tombe muette.




                Poème extrait de mon recueil LIQUEUR D'ANGES
                ISBN:978-960-930094-0 (Athènes - 2007)


Mort immortelle


Ainsi, s'était-il appuyé
songeur contre le mur,
habitant son cœur fragile
tel un souffle retenu, sans bruit,
éloigné des plaisirs intenses de la vie
et sans être soupçonné par qui que ce soit.
Quoiqu'immortel, il ressentait la cruelle souffrance
des larges empreintes marquées sur son visage,
tristes présages qui le protégeaient encore
des sonorités ailées
et des tintements de son glas funèbre.
Au milieu du silence le plus absolu
de la froide obscurité, déserté et abandonné,
il se glissa peu à peu, impatient,
sur une luxuriante trainée de nuages
pleurant les splendeurs de sa défaillance
tout en s'engendrant dans le ciel de l'unique palpitation
comme symbole divin des nuées pour subir à nouveau
le 999999ème traitement du monde des mortels,
resurgissant ainsi des entrailles du Nadir
pour reprendre comme nouveau-né,
possession de sa vie nouvelle.


Poème extrait de mon recueil JUSQU'AU COEUR
ISBN:978-960-92611-2-8 (Athènes-2008)


En terre légère


La mort mélange tout:
l'ombre, le vent, le silence,
la poussière, l'herbe
et remet tout en ordre
comme une vulnérable poésie.



Extrait de mon recueil HYPOCRAS
ISBN : 978-960-92580-3-6